Novembre
Où vont les âmes des arbres brûlés?
Quand repousseront les coraux arrachés?
Les monarques reviendront-ils lorsqu’ils auront disparu?
Comment respirent les lacs asphyxiés?
Sur la mer morte un océan de plastique flotte.
Pendant ce temps, nous perdons la vue.
Devant ma fenêtre, une symphonie silencieuse s’accomplit.
Quand je regarde attentivement,
C’est-à-dire quand je ne veux rien voir, seulement fixer mon regard,
Je vois cette symphonie.
Grandiose.
Taciturne.
Trois troncs aux branches dressées offrent leur joie vers le ciel :
En continuo, j’entends les contrebasses et les violoncelles.
Une note lancinante.
Un bateau qui part.
Une corne de brume.
Les clarinettes personnifient les quelques feuilles qui persistent à s’accrocher aux branches, des éclats épars, des ricanements brefs, des chuchotements cahoteux.
Les cordes tremblent du vent léger, en pianissimo.
Les flûtes virevoltent discrètement avec les mouvements des oiseaux qui se camouflent en cherchant des insectes dans les interstices des troncs majestueux.
Les arbres, en face de chez moi, sont musiciens.
Je sens leur enracinement séculaire.
Mes arbres sont immenses.
Ils marquent la rencontre de lignes magnétiques au croisement desquelles la vie s’ancre, s’enracine, se contente de peu, se contente de la terre et du ciel.
Lever les yeux et voir
Le silence de plénitude
La persistance du numineux
Lumière au travers de la lumière
Arvo Pärt, Für Alina, Jeroen Van Veen, pianiste. À écouter en silence:
© Texte de Michelle Courchesne
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